Contretemps

Dans le premier tableau, on rencontre une femme écœurée de son expérience au théâtre, et qui souhaite faire entendre raison à tous ceux qu’elle croise sur son chemin : son mari, le guichetier du théâtre, et jusqu’à un juge… Malheureusement pour elle, et malgré toute l’énergie qu’elle dépense pour convaincre, elle reste incomprise. Comme le lui rappelle son mari, il peut sembler plus simple d’être confronté à une machine qu’à des humains : 

« Il y a probablement une solution. Il suffit d’y réfléchir. Il faut parfois simplement être patient. Avec la pendule, c’était pareil. Au bout d’un moment, j’ai cru que tout était perdu, et puis j’ai eu l’idée de changer le ressort de sens. […] Je l’ai changé de sens. Et voilà le résultat » 

Et pourtant, comme lui répond le guichetier du théâtre : 

« Là où il y a de l’humain, il y a de l’attente, il y a des erreurs parfois, de la frustration aussi. Mais c’est la vie, ça, Madame ! » 

Et oui, c’est la vie… Avec toute sa complexité et son absurdité. 

Et c’est également cette absurdité que l’on retrouve dans le second tableau dans lequel une autre femme se détend tranquillement dans un sauna. Un homme entre alors sans la regarder, et lui intime l’ordre de se déshabiller. C’est le règlement. Le brave majordome essaiera comme il pourra de justifier ce règlement. En vain. 

« LA CLIENTE. Et en quoi cela dérange-t-il que je sois habillée ? 

LE MAJORDOME. Cela gêne les personnes nues ! 

LA CLIENTE. Mais il n’y a personne dans cette cabine. 

LE MAJORDOME. Pour l’instant. Un client est si vite arrivé. » 

Aucune logique pour elle, une évidence pour lui, une incompréhension pour les deux. 

Dans cette pièce, on ne s’ennuie jamais, on suit les personnages baignés dans leurs incohérences et leurs obsessions. Ces personnages, drôles et hauts en couleurs, se confrontent aux absurdités de notre monde et à leurs propres égos.